Blog

Qu’est-ce qui déclenche l’orgasme ?

L'orgasme féminin est une jouissance fragile, imprévisible, qui surgit alors qu’on ne l’attend pas ou s’éclipse en dépit de prémices prometteuses.


Rapide ou lent, intense ou fortuit, aisé ou laborieux… L’orgasme féminin est une jouissance fragile, imprévisible, qui surgit alors qu’on ne l’attend pas ou s’éclipse en dépit de prémices prometteuses. Pourquoi est-il plus difficile pour les femmes que pour les hommes ? Parce que les inquiétudes des hommes reposent davantage sur le désir que sur le plaisir : non pas « vais-je jouir ? », mais « vais-je bander ? ». Les femmes savent, elles, que leur plaisir est indépendant de leur désir. Pour autant, loin des recettes faciles, on peut tenter d’en comprendre et d’en lever les blocages.

Le lâcher-prise

Pour beaucoup de femmes, le plaisir est inquiétant – psychiquement, la pénétration n’est jamais anodine. Elles ne cessent d’alterner entre envie du pénis et peur de l’intrusion. Selon les jours, selon les moments, ces deux sentiments se succèdent. « Si le plaisir est attendu et même revendiqué, avance la psychanalyste Catherine Blanc (auteure de La sexualité des femmes n’est pas celle des magazines (La Martinière), il continue à inquiéter l’inconscient des femmes, car elles peuvent avoir peur de l’envahissement et douter de leur capacité à accueillir le sexe de l’homme. »

À cette inquiétude s’ajoute celle d’être submergée, emportée par l’orgasme, que l’on ne dénomme pas pour rien « petite mort ». Ce plaisir ne risque-t-il pas de les engloutir ? Pourquoi ne parviennent elles pas à se laisser aller à écouter cette petite voix qui les guide vers l’orgasme ? Parce qu’elles craignent que cette voix ne dévoile des choses pas très agréables sur elles-mêmes, un peu dégoûtantes, même ? Ou qu’elle leur fasse prononcer des obscénités qui sortiraient de leur bouche tels les crapauds s’échappant des lèvres des méchantes filles dans les contes ? Les femmes ont peur de découvrir que leur plaisir est infidèle à ce qu’elles croient et voudraient être. Lâcher ces peurs inconscientes est possible quand le cerveau peut déconnecter en vue de se concentrer sur les sensations ressenties.

Des fantasmes

Faire l’amour à plusieurs, dans une église, sur une plage ensoleillée… Pour parvenir à l’acmé du plaisir, nous avons tous besoin de ces petits films intérieurs excitants qui alimentent le désir. Les scénarios les plus fréquents et, selon les psychanalystes freudiens, les plus efficaces mettent en scène des situations de domination ou d’humiliation. Pour l’homme, être manipulé par une femme experte (ou, à l’inverse, dominer une pure jeune fille).

C’est également le constat de Claude Crépault, professeur de sexologie à l’université du Québec, au Canada. Il ne s’agit pas de masochisme, plutôt de mises en scène permettant de dire : « Je ne suis en rien responsable du plaisir que je prends, je subis le désir de l’autre. » D’après l’expert canadien, ces fantasmes sont les « plus archaïques qui soient ». Ils seraient des restes transformés de la sexualité infantile, où le désir de l’enfant se dirige vers son père ou sa mère, personnages dont il dépend et à qui il doit obéir.

Nos fantasmes les plus intimes ne donnent jamais une bonne image de nous. Ils constituent notre côté pervers, selon les freudiens. Pourtant, contrairement aux vrais pervers qui ont besoin de les mettre en acte pour jouir, les gens dits « normaux » se satisfont presque toujours de leurs rêveries érotiques, solitaires ou partagées avec le partenaire. « Rien ne risque autant de s’effondrer qu’un désir réalisé. Le réel banalise le désir. Il le vide de sa magie », écrit Claude Crépault. Vivre dans le présent, le concret, est peut-être une clé pour mieux vivre le quotidien, mais ce n’est pas la voie royale vers l’orgasme.

Clitoridien ou vaginal ?

L’un n’est pas plus « adulte », supérieur à l’autre, bien que la lecture de certains essais de psychanalyse laisse croire le contraire. S’ils sont bien distincts, c’est qu’ils renvoient à des situations fantasmatiques différentes. L’orgasme clitoridien renvoie à une vision de soi phallique, active – symboliquement, le clitoris est un équivalent pénien. Il rappelle la bisexualité psychique innée de l’être humain repérée par Freud chez les enfants des deux sexes.

Il peut d’ailleurs se produire dès la petite enfance, alors que la fillette, sauf en cas d’abus sexuel, ignore l’existence de son vagin. Il est « rapide, libérateur et s’inscrit dans un registre pulsionnel ».

L’orgasme vaginal, nous dit le père de la psychanalyse, exige le consentement au don de soi et la découverte de cette « passivité active » caractéristique de la sexualité féminine. Il a pu écrire, maladroitement, en 1922, qu’il signe la maturité sexuelle de la femme. Grâce à la libération progressive de la parole féminine sur la sexualité, les sexologues modernes constatent que presque toutes les femmes parviennent à obtenir un orgasme clitoridien, ne serait-ce qu’en se masturbant. En revanche, un tiers seulement accéderait à l’orgasme vaginal.


Lire l'intégralité de l'article / psychologies.com/

  1. L’estime de soi
  2. Le lâcher-prise
  3. La confiance en l’autre
  4. Des fantasmes
  5. L’acceptation
  6. Clitoridien ou vaginal ?

Sexothérapeute (78) (95) : Patrick Bensmail




Retour à la liste